Note utilisateur: 5 / 5

Etoiles activesEtoiles activesEtoiles activesEtoiles activesEtoiles actives
 

Le jeudi 5 mai 2022, deux projets de loi homologues proposant la reconnaissance des droits du fleuve Saint-Laurent ont été présentés à la Chambre des communes et à l'Assemblée nationale du Québec. Ces projets de loi sont le fruit d’années de travail de la part de l’Observatoire international des droits de la Nature, un organisme à but non lucratif qui œuvre pour faire reconnaître des droits à la Nature, ici comme ailleurs.

Donner des droits à la Nature, cela signifie reconnaître que celle-ci n’a pas de valeur uniquement pour servir les intérêts des êtres humains, mais plutôt qu’elle a une dignité intrinsèque qui mérite d’être préservée pour son propre bénéfice. Ce changement de paradigme permet de renforcer les outils juridiques mises en place contre l’exploitation abusive de la Nature, et elle représente aussi une nouvelle façon de comprendre notre relation avec celle-ci.

À ce sujet, les deux projets de loi représentent une percée en Amérique du Nord. Bien que plusieurs rivières aient déjà vu leurs droits reconnus à travers le continent, notamment la rivière Magpie ici même au Québec, il s’agit d’un grand pas en avant pour s’assurer que le Fleuve Saint-Laurent, qui a un rôle central dans le paysage environnemental, économique et culturel du Québec, soit reconnu comme un acteur à part entière, méritant respect et une protection adéquate.

S'ils sont adoptés, les projets de loi créeront un système de gardiens qui auront la responsabilité de protéger les droits du Saint-Laurent, y compris de devenir sa voix devant des procédures judiciaires si nécessaire. L'établissement du Saint-Laurent en tant que personne morale - au même titre qu'un être humain ou qu'une corporation - faciliterait sa protection contre l'exploitation en assurant que sa préservation soit toujours une priorité, et non seulement lorsque les dommages environnementaux coïncident avec des dommages avérés aux communautés humaines. Ainsi, les projets de loi accorderaient au Fleuve Saint-Laurent des droits tels que la protection contre la contamination, le maintien de sa biodiversité naturelle ou encore le droit de remplir des fonctions essentielles au sein de son écosystème.

L’Observatoire n’aurait jamais pu se rendre aussi loin sans ses partenaires de l'Alliance Saint-Laurent, dont fait partie Stratégies Saint-Laurent. L’Alliance Saint-Laurent, c’est avant tout une coalition de centres de recherche, d'organismes environnementaux et de municipalités, ainsi que du Conseil tribal Mamuitun, qui se sont mobilisés afin d'obtenir de meilleures protections juridiques pour le Saint-Laurent. Ensemble, ils forment un pont entre la recherche scientifique, l’engagement municipal et le savoir traditionnel autochtone au service du Québec de demain.

La présentation des projets de loi aux deux assemblées législatives a été un moment fort, mais ce n'est que la première de nombreuses étapes vers un avenir plus bleu. Au cours des prochains mois, l'Observatoire s'efforcera d'élargir l'Alliance du fleuve Saint-Laurent et de lancer une conversation nationale sur les droits de la Nature. Les particuliers peuvent également se joindre au mouvement : les citoyens curieux peuvent signer notre pétition. Plus le soutien sera grand, plus la pression politique qui obligera nos dirigeants à adopter la Déclaration des droits du Fleuve sera forte. En agissant ainsi, non seulement nous protégerons un joyau du paysage québécois, mais nous ferons également un pas important vers le changement de notre relation avec la Nature, qui passera d'une relation de domination à une relation de réciprocité.